La France et ses histoires

Sujet: l'arrivée des sciences et des techniques au service l'histoire moderne a modifié le rapport des peuples à leur histoire. Les techniques pointues telles que la génétique, la datation au carbone 14, ou encore l'utilisation de reconstructions 3D sont souvent sujettes à imprécisions, qui sont assumées par les scientifiques. Cependant, la croyance collective en la science ancre définitivement les explorations des scientifiques dans la mémoire collective, et pourrait tarir le travail de remise en cause et de raffinement constant qui est l'habitude des historiens.

Cette arrivée de la technologie a aussi provoqué une augmentation croissante des archives et contenus d'intérêt (archives radio, écrits démocratisés, internet), ce qui ouvre la possibilité d'explorer l'histoire récente sous l'angle des problématiques du peuple (on ne lit plus l'histoire uniquement sous l'angle des grands de ce monde). Si cela annonce pour les historiens nombre de possibilités nouvelles, l'arrivée des données de masse au XXIe siècle pose la question de l'exploration de ces données: aujourd'hui, seul l'outil informatique automatisé permet d'explorer les données des années 2010. On ajoute donc un filtre d'exploration, avec le risque de rater des éléments importants faute de possibilités techniques d'explorer l'information.

Sources

Idées en vrac

  • génétique, carbone 14: techniques remises en cause (croyance ou non en la science)
  • reconstitutions 3D: avancée, mais aussi uniformisation des interprétations
  • les médias récents, la technique ouvre la porte à l'histoire des peuples (histoire récente et future incluera un besoin de traiter des données massives, permettra d'accéder aux histoires des hommes)

Chronique

La science comme outil d'exploration

l'arrivée des sciences et des techniques au service l'histoire moderne a modifié le rapport des peuples à leur histoire.

Les techniques pointues telles que:

  • la génétique: flux migratoires des peuples révélés par la génétique, l'antropologie génétique, ou encore les identifications de restes des têtes couronnées (la tête d'Henri IV identifiée grâce à l'ADN de Louis XVI, mais approche remise en cause)
  • La chimie qui permet de confirmer des empoisonnements: Agnès Sorel, favorite de Charles VII, a été empoisonnée au mercure, d'après le paléoanthropologue Philippe Charlier. Voir aussi le petit guide de l'empoisonneur, naissance de la médecine légale, diffusé sur arte le 20 septembre
  • la datation au carbone 14: précision très incertaine (50 000 ans max, pour une période d'environ 5000 ans), datation relative, dépend de nombreux facteurs, et impossible à appliquer après 1950 (bombes atomiques, énergie fossile, etc.)
  • l'utilisation de reconstructions 3D sont souvent sujettes à imprécisions, qui sont assumées par les scientifiques.

Ce n'est que l'un des axes de développement de l'histoire: multiplication des outils et approches (sociologie, démographie, archéologie, géographie, économie politiques, etc.)

Cependant, la croyance collective en la science ancre définitivement les explorations des scientifiques dans la mémoire collective, et cache au public le travail de remise en cause et de raffinement constant qui est l'habitude des historiens.

La science entraîne la démocratisation

Cette arrivée de la technologie a aussi provoqué une augmentation croissante des archives et contenus d'intérêt (archives radio, écrits démocratisés, internet), ce qui ouvre la possibilité d'explorer l'histoire récente sous l'angle des problématiques du peuple (on ne lit plus l'histoire uniquement sous l'angle des grands de ce monde).

  • la radio: la voix d'anonymes est présente dans les histoires
  • les caméras super 8, puis camescopes
  • démocratisation des écrits, avec notamment internet: on n'a jamais autant lu, ni autant écrit

Si cela annonce pour les historiens nombre de possibilités nouvelles, l'arrivée des données de masse au XXIe siècle pose la question de l'exploration de ces données: aujourd'hui, seul l'outil informatique automatisé permet d'explorer les données des années 2010.

On ajoute donc un filtre d'exploration, avec le risque de rater des éléments importants faute de possibilités techniques d'explorer l'information.

Réactions sur les commémorations

  • la caisse de résonance médiatique n'agit-elle pas comme un accélérateur des commémoration ?
  • N'est-ce pas le manque de contradicteurs journalistes qui provoque cela, car la majorité des titres ne font que suivre le rythme des communications imposées par la classe politique…
  • Pour finir, le moindre “oubli de commémoration” par le gouvernement est monté en épingle, ne pousse-t-on pas à ce comportement de commémorationnisme ?

Les commémorations est un des grands thèmes de travail chez les historiens sérieux mais qui n’ont pas forcément une grande surface médiatique (en gros on les entend sur la radio publique essentiellement et parfois dans la presse écrite genre Le monde des livres mais pas à la télé où on préfère inviter Max Gallo ou Dimitri Casali qui ne sont pas du tout reconnus comme des historiens crédibles dans les instances scientifiques). Par exemple, ce mois-ci vient de sortir un manuel d’histoire critique (Le Monde Diplomatique) écrit par un collectif d’ historiens qui a justement pour objet de se ressaisir des événements et des personnages qui font les choux gras des commémorations et de dire des vérités historiques souvent éloignées des fictions du « roman national ».

Et puis autre chose sur ces questions de commémorations : en France on s’en fait une idée assez négative parce que depuis 10 ans les dirigeants les mettent au service de leur communication politique (on se dispute l’héritage de Guy Môquet, de Jaurès…). Mais il faut voir que les commémorations et les politiques mémorielles ont une fonction sociale cardinale dans les pays qui sortent d’une guerre civile ou d’un génocide : on l’a vu au printemps avec les commémorations du génocide au Rwanda. Au Rwanda ou en Afrique du Sud dans les années 1990, les gens (les gouvernements, les citoyens, les magistrats…) ont vraiment réfléchi à ces questions car elles ont pour enjeu la paix civile, comment refaire société quand les bourreaux sont sortis de prison et cohabitent désormais avec leurs victimes ou avec leurs descendants. D’ailleurs on parle aujourd’hui de « fièvre commémorative » en France mais il ne faut pas oublier que jusque ds les années 1980, l’Etat produisait surtout de l’oubli plutôt que de la mémoire (cf. Charonne, le 17 octobre 1961, la complicité de Vichy ds la déportation des juifs…). Ces événements sont sortis de l’oubli grâce au travail des historiens mais aussi des efforts des gens, d’anonymes, de descendants de victimes et ils st aujourd’hui commémorés.